Toutes ma saison en canoe,en kayak, mes péripéties en rivières ainsi que des aventures avec tout engin susceptible de glisser !!!
2 Janvier 2011
Écrire sur ce qui s'est passé m'est difficile. Pas une nuit ne passe sans que la terreur me fasse trembler.
C'était le 21 janvier, le premier jour de l'hiver. Avec mes compagnons de vadrouille nous logions à Tlapacoyan petite ville située dans les montagnes de la Sierra de Madre au beau milieu de l'État du Veracruz. Au Mexique pour 5 semaines nous venions de descendre les plus fantastiques sections que dame nature a sculpté dans le basalte du rio Alseseca.
Ultime jour avant un départ décidé pour le Chiapas, à la frontière du Guatemala. Fafa, Thomas, Bastien, Bixente, Eneko et moi-même nous sommes rendu à Tomata falls.
La pluie ne tombant plus, le niveau de l'Alseseca ne proposait que cette dernière journée pour faire le grand saut.
Entre 23 et 25 mètres. Fafa se poste pour la chasse à la photo. J'aide Bastien à descendre en rappel dans le canyon pour se poster en sécurité au plus proche de la cascade.Thomas et Bixente sont à la vidéo.
Je retrouve Eneko en rive gauche histoire de bien mémoriser la ligne qui nous attend:
- "Que tal Eneko ? Lo siento bien este salto. La altura no me miedo."
- "Sentirme bien. Remaria en el ultimo derecha. "
-"Jajaja ! Y yo izquierda.Canoista izquierda por siempre! jajajaja..."
-"jajajajaja!"
-"Es ahorita o nunca.Vamos !!!"
J'embarque sous un soleil lumineux,l'eau est bonne. Ferme mon kayak et mets ma caméra embarqué en marche avant de me frotter mes mains sur les cailloux.
La pression monte. Je m'apprête à sauter dans une arène volcanique de la taille de presque deux terrains de football.Un arc en ciel se dessine dans l'eau sublimée.
Le shoot d'adrénaline m'envahit. Je respire profondément me concentrant sur ce que je dois faire.
Quasiment deux secondes. Une éternité. Je décortique ma traction en main gauche alors que mon kayak s'accélère dans la chute libre. Bien positionné je décide de jetter ma pagaie pour ne pas la casser. De toute façon je sais esquimauter avec les mains. Au pire j'utiliserais mon casque !? L'eau m'engloutit j'accroche l'hiloire avec mes mains puis boum !!!!
Un choc d'une violence extrême. Je n'ai pas esquimauté. Je suis à l'endroit, cherchant Bastien et le copains du regard. Quelle saut ! Au moment de me mettre à ramer avec les mains une douleur me martyrise le bas du dos. Mon souffle est coupé. Je peine à pagayer. Je m'échoue sur la petite plage au centre du canyon attendant Eneko et Bastien.
Mise en PLS impossible. Je souffre le martyre alors que Eneko s'envole à son tour dans le rugissement assourdissant de l'eau.
Etant incapable de vider mon kayak, Bastien m'aide à rembarquer seul solution pour s'extraire du canyon. Bastien m'ausculte le front qui saigne. Je suis surpris. Mais mon dos est assailli de douleur.
Eneko me montre la sortie: une falaise en rive droite précédé d'un seuil de 2 mètres qu'il nous faut franchir avant de débarquer contre le mur.
Une douleur effroyable me pilonne le corps alors que je viens franchir le seuil. Je suis à la limite de m'évanouir.
Fafa,Bastien et Eneko viennent à mon secours pour débarquer. Ils installent une main courante car j'ai décidé de grimper seul; j'ai moins mal. Par chance, j'ai gardé le baudrier de canyon avec le lequelle j'ai aidé Bastien pour se poster en sécurité.
Fafa m'encorde, Eneko m'assure dans ces 10 mètres infernale en 5A. C'est atroce, je respire péniblement.
Falaise franchi, Bixente me montre le chemin dans la jungle qui recouvre le ravin avant de tituber comme je peux pour rejoindre la piste où je m'écroule.
Une douleur de 9 sur 10. Thomas m'immobilise en auscultant mon dos. J'ai réussi à arriver jusqu'ici mais pourrais-je remarcher...
La terreur m'envahit alors que j'attends l'ambulance.
Bienvenue en enfer Eric.
Aprés un périple de pas loin d'une semaine, 15 ambulances, trois avions et 6 hopitaux. Je rentre enfin à la maison.
Je me suis tassé les vertèbres lombaires L1,L2 et L3. Les deux premières sont fissurées. La troisième est fracturée ainsi qu'une épiphyse. Je ne passerais pas au bloc chirugicale. Mes jours ne sont pas en danger. Aprés de multiple examens les médecins me certifient que je n'aurais aucun problèmes neurologique. Je vais récuperer à 100%.
Mon casque s'est écrasé sur mon front limitant la brulure à la "Albatore" qui traverse mon front quand ma tête a percuté l'avant de mon kayak.. Elle a quasiment disparu mais il va me manquer un bout de sourcil.
Mon kayak a plié derrière l'hiloire. Je crois que le siège a cassé.
Je dois porter un corset au minimum 2 mois avant de reprendre progressivement une vie "normale". Peut-être pas celle du Rico. Du moins pas tout de suite.
Je passe mes journées allongé dans un canapé seul position où je n'est pas mal. Progressivement j'arrive à rester debout. Mais pas plus de quelques minutes pour le moment.
J'ai laissé mes copains au Mexique. Nous somme tous marqués à vie par l'erreur que j'ai commise.
Mon saut était bon. Seulement le tapie de mousse en reception n'était pas assé important pour amortir ma chute. Eneko a trés bien sauté, il n'a rien.
Deux jours avant, un groupe d'américain, Rafa Ortiz et Aniol Serrasolses ont tous pris des "boites" sans gravité.
J'ai été le kayakiste de trop.
Certain me pensait incassable, ils avaient tord.
Un kayakiste vivant est un kayakiste raisonable.
J'apprend...